2 juin Oriahovo-Dolni Cibar, ou l'hospitalite tsigane

Kozloduj n'est pas tres loin.
Je longe sa fameuse centrale nucleaire, qui alimente la moitie du pays, mais il y a plusieurs panneaux d'interdiction de photographier tres explicites, et je ne veux pas chercher les embrouilles.
Je cherche assez longtemps un cafe internet, les indications sont assez contradictoires, mais finalement j'atterris au Blitz cafe, ou on me prete un lap-top. Je me familiarise petit a petit avec, et j'en profite pour decharger quelques photos sur ce blog et relever mes mails.
Peu apres sur ma route, je rencontre 2 veterans cyclistes lyonnais, c'est pas si courant, qui longent la rive bulgare pour rejoindre ensuite Constanta.
Ils ont du materiel "d'epoque", l'un d'eux a meme un Gitane (comme moi, mais d'une autre generation !). ils font des voyages comme cela depuis tres longtemps. On s'echange quelques conseils, puis chacun continue sa route.
La mienne est tres sombre : de gros nuages menacent et je continue a rouler en esperant un miracle, qui n'arrive pas.
Les villages sont bien espaces, et j'arrive trempee a Dolni Cibar, ou je demande a m'abriter dans un "magasin", une sorte d'epicerie qui vend un peu de tout, tenue par un jeune couple.
Au bout d'un moment, je realise que je suis dans un village tsigane, il y en a beaucoup dans la region.
Ce n'est pas de la pluie, c'est carrement le deluge, et tsiganes ou pas, je suis bien contente d'avoir un abri. Et ca dure ! je finis par acheter de quoi pique-niquer sur place.
Une heure, puis deux, puis trois, toujours pas d'accalmie. Ca finit par devenir genant de rester la, et y a des tas de "clients" qui me devisagent sans agressivite, mais sans vraiment de chaleur, et on n'a pas de langue pour communiquer.
Je comprends qu'il y a des conciliabules, puis une dame, avec un bras dans le platre, vient me dire laborieusement quelques mots en francais : Comment tu t'appelles ?
Apres, ca s'enchaine sans que je puisse dire quoi que ce soit : il s'agit de la mere de la jeune femme de l'epicerie, elle a decide que je dormirai chez elle, on embarque le velo, les bagages sont deposes dans une piece qu'elle ferme a cle, et elle met la cle en haut d'une armoire.
Je suis plutot embarrasee, evidemment, vu tout ce qu'on m'a repete partout et dans toutes les langues sur les tsiganes, je me demande si je me sortirai bien de cette histoire. En attendant, on m'offre l'hospitalite, et meme si vers 20 heures la pluie s'est un peu calmee, je pense qu'il me serait tres difficile d'annoncer que finalement je veux partir!
Nous voila parties pour une soiree tres laborieuse de discussions en petit negre, Tatiana, qui decouvre avec joie que nous avons le meme age, et moi commencons a elaborer un lexique franco-bulgare.
Elle me sort de vieux albums photos, et me fait d'interminables commentaires.
Plusieurs fois, elle va a l'epicerie qui est juste a cote, revient avec des trucs a manger, a boire, veut absolument me nourrir, il y a comme ca plusieurs malentendus, par exemple, elle me dit qu'on va aller se coucher et me propose de faire un tour a la "salle de bain" (je ne donnerai pas de details), alors je mets ma tenue "pour dormir" et mes tongues. Mais en fait c'est pas la qu'on dort, et je dois traverser la rue en petite tenue pour rejoindre une autre maison, ou habite sa fille, Miga, avec ses enfants.
Je comprends qu'on a fait de la place pour nous, et donc Tatiana et moi on dort dans la chambre d'enfants.
Enfin, franchement, j'ai tres peu dormi, tellement je suis stressee, malgre la tres grande gentillesse de mes hotes, d'avoir laisse mon velo et mes bagages dans une autre maison, et je ne peux pas m'empecher de me faire des tas de films.

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