22 juillet retour à Montpell

Coucou, me re-voilà, une dernière fois :
C'était ce sombre mercredi matin, sur la piste cyclable entre Villeneuve et Palavas, à rouler les 10 derniers kilomètres qui me séparent de chez moi.

Un grand merci à mon frère Pierre qui a insisté pour venir me chercher au bar restaurant d'Evieu, au bord du Rhône, c 'est minuscule, près de Belley dans l 'Ain, et m'emmener à Riorges, où j ai passé 3 jours réconfortants. Vous pouvez constater que Pierre ne roule pas dans la même catégorie que moi :
Et pour finir en beauté, ou plutôt pour montrer que ça continue, autrement et ailleurs, je vous présente ce trio de marcheurs rencontrés justement ce dimanche à la fin d'une balade dans le Roannais :
Partis depuis la veille, ce couple d'agriculteurs et leur fils sont en marche pour la Bosnie Herzégovine. Pourquoi ? Nous devinons que leur motivation, le but et le sens de leur voyage sont très personnels.
Ils le préparent depuis 8 mois, ont tracé très précisément leur itinéraire, en passant par Trieste, et en espérant faire étape de temps en temps dans des fermes. Ils ont confiés leurs bêtes et leur ferme, et marchent sacs au dos en poussant ce fauteuil de handicapé qui fait office de charette. Nous admirons leur sérénité et leur détermination, et leur souhaitons plein de bonnes et belles choses.
Cette coïncidence de les rencontrer juste à la fin de mon voyage me semble de bonne augure, et une excellente manière de "laisser la place".

17 juillet Seyssel-Riorges

La pluie s est arrêtée, c'est parti pour la suite, sous un ciel bien couvert, en suivant le plus souvent les balises de "Léman à la mer", qui malheureusement est loin d être entièrement tracé, mais il existe des parties aménagées en véloroutes, très agréables.
J ai prévenu chez moi que j allais avoir un peu d avance sur mon planning, et mon arrivée aux environs de Lyon.
Alors finalement, tout se bouscule. Pierre me rappelle pour m annoncer qu il y a une région de France où le temps est aujourd'hui pourri, avec une alerte meteo orange, et c est précisément la savoie, la haute savoie et l Isère. Je n'y crois pas, et pourtant pas longtemps après, ca se vérifie complètement :

Croyez-vous qu'un micro climat s'est accroché au-dessus de mon vélo depuis des semaines?
Je n arrive pas à rouler : je m abrite chaque fois que je peux, je crois que ça va se calmer, je repars, et 3 minutes plus tard, c'est de nouveau la douche, le prochain abri est loin, etc... et comme ça pendant plus de 2 heures. Je revis le souvenir des journées entières sous la pluie d'Autriche. Je passe de minuscules villages où bien sûr je ne croise personne d autre que des voitures qui ne me voient pas et m éclaboussent.
Sous un abri dans un hangar, je trouve le temps long et je me distrais comme je peux :
Pierre a propose de venir me chercher, c est pas vraiment maintenant ni comme ça que j aurais voulu finir, mais en réalité, ça me soulage. Et ca n a aucun intérêt de s acharner avec un temps pourri.
Je squatte un resto accueillant où je peux mettre des vêtements civils secs (mais néammoins imprégnés de cette odeur de chien mouillé que je traîne avec moi depuis plusieurs jours), et où je peux l attendre pendant 2 ou 3 heures, le temps qu il vienne à bout des bouchons de fin de semaine et de départ en vacances de Lyon. On charge le vélo sur le toit, et au chaud dans la voiture, en route vers la Loire.
Tout ça s arrête un peu précocement et c est improvisé, mais quelle joie de retrouver l accueil et la chaleur de la famille, et bientôt tous les autres qui me manquent.

16 juillet Flaach - Seyssel

Le lendemain matin, inutile de preciser que je ne m attarde pas a me faire chauffer mon petit dej au camping, je continue la route n°2, pff, pff, c est dur, ca grimpe...
Je traverse des villages propres et coquets (=suisses, donc) :
...jusqu a ce petit port au bord du Rhin, ensoleillé et accueillant :

où je fais une reconfortante pause café, pain nutella.
C est en quelque sorte ici que ma decision se precise peu a peu ..., renforcée par les quelques montées pénibles qui suivent, qui ne sont sans doute pas si dures, mais y a en beaucoup, et je me sens moins de forces, et fatiguée.
Me sont revenues à l esprit les conversations avec Andréas, qui me vantait les avantages du réseau ferré suisse, qui dessert meme les plus petites villes, et cette fameuse carte qui permet pour 10 CHF de transporter son vélo sur tout le réseau dans la même journée.
La première gare sur mon chemin est celle d Eglisau. Pas de bol, il n y a aucun guichet, tout est automatique, et j aurais bien eu besoin de conseils d un être humain. Mais un gentil chauffeur de taxi me propose son aide, et m assiste pour acheter un billet pour Zürich.
De là, j explore la gare de Zürich, ses ascenseurs, hésite entre un billet pour Lausanne, ou pourquoi pas carrément pour Genève.
Et voilà, .... je fais un saut sidéral dans l espace, car voici : LE RHONE (avec des baigneurs)
Et oui, me voilà déjà arrivée à Genève. Pas plus dur que ça!
Dans le train, un Guinéen, qui vit ici depuis 10 ans, et"fait des affaires" entre Berne et Barcelone, discute avec moi, et nous tombons entierement d accord sur la mentalité rigide des Suisses (bon, je sais que c est idiot de généraliser d après une seule experience négative, mais je suis encore très remontée par mon histoire au camping). Je déverse mon fiel sur cette société où tu n es accepté que parce que tu consommes, etc...
A Genève, j y arrive a 17h15, et il fait un grand soleil. J entends causer français dans la rue, j ai de nouveau la pêche, et je suis pressée d avancer.
Je passe la frontière a Chancy :


Ce soir, je fais encore une quarantaine de kms sur une route belle, lisse, bien roulante, y a des montées faciles, de belles descentes, il est presque 22h quand j arrive au camping de Seyssel, et là, je m 'énerve encore quand on m applique le forfait "2 personnes" à 12 €, "non, non , c est un forfait 1 ou 2 personnes, et vous occupez un emplacement entier, etc ...". Il est tard, je ne vais pas aller ailleurs, et je renonce à râler, mais franchement je trouve ça abusif, et limite malhonnête, et j en ai marre de toujours payer pour 2 !
Et que se passe-t-il a minuit ?
Eclairs, tonnerre, orages pendant le reste de la nuit, jusqu au matin; pas comme l autre nuit au lac de Constance, mais ca a bien claqué. Heureusement, je suis prudente, j avais bien fermé mes sacoches, et pas d inondation dans la tente !

15 juillet toujours Stein am Rhein - Flaach

Et à partir de Stein am Rhein, apres une petite session Internet dans un endroit tres accueillant qui fait a la fois cafe internet (+ toutes sortes de prestations d impression, scanner ...) et vendeur-reparateur de bicyclette, je vais suivre mon nouveau guide : le Rhin.
Le voici :
Je suis les balises de la route du Rhin (n°2) _ étape assez rude, il faut le dire, pour arriver à Schaffhausen :


Non loin de là : les chutes du Rhin, qui attirent beaucoup de touristes :
Je me trouve un camping pres du petit village de Flaach. C est le type de camping que j aime pas trop : un sinistre alignement de caravanes+auvent, serrées comme des sardines. Le coin des tentes est au bord du Rhin, sur un terrain détrempé. Je monte ma tente toujours aussi pleine d eau, et la laisse grande ouverte pour tenter de la secher.
Puis je voudrais bien me faire la petite soupe que m avait donnee jean Claude. Comme tout est mouillé, je vais m installer sur une table de bois brut près du snack du camping, pour faire chaufer cela, avec dans l idee de m offrir une conso et un petit gateau pour finir mon repas.
Mais 2 minutes plus tard, la gerante du camping vient me jeter, car cette table serait réservée aux client du "restaurant". Bien sur elle est de mauvaise foi, cette table ne fait absolument pas partie du mobilier du snack, et elle est même assez eloignee de sa terrasse. Et même ... dans la plupart des campings ou j ai dormi, il y avait toujours des tables et des bancs a disposition des campeurs.
Son ton est désagréable, et, vu que j ai pas dormi la nuit précédente, que je m apprête a dormir dans une tente humide, que je viens de payer 20 CHF, c est à dire dans les 15 € quand meme pour un emplacement limite marecageux, à 3 kms des sanitaires, bref vu que je suis assez grognon, je lui tiens tete et monte le ton, lui dit qu elle a qu à appeler la police (Simone, comment t as devine que j ai failli avoir des problemes avec la police suisse ?). Elle me repond un truc du genre que si je suis en velo et donc sans confort, c est mon probleme, pas le sien. Mais je suppose qu elle ne souhaite pas de scandale devant les clients et finit par partir, et moi, je reste !
Je me dis que c est exactement le genre de personne a refuser un morceau de pain ...
Bien sûr, je renonce a ma petite biere, mais surtout je suis très remontée. Je me dis que depuis plus de 2 mois je viens de traverser l Europe, que partout j y ai rencontre des personnes très généreuses, humaines, qui m ont accueillie d une maniere fantastique .... et puis j arrive dans un des pays les plus riches du monde pour me faire jeter comme une pouilleuse parce que je ne consomme pas!
Le moral en prend un coup, et je me mets a ruminer ca toute la nuit.

15 juillet Moos-Stein am Rhein

Ce matin il pleut encore. Je me leve des qu il fait jour, demenage toutes mes affaires sous un abri, fais un etat des lieux, trie, suspend des trucs dans l espoir derisoire que ca va secher... Tous mes cuissards sont justement trempes. Puis, quelqu un du camping, tres aimable, me propose d utiliser le seche linge, ou je peux mettre mon sac de couchage et d autres vetements. Je jette plein de papiers, cartes, meme mon dico d allemand...
C est vraiment la loose.
Bon, faut bien repartir, il pleut encore, mais pas trop fort pour le moment. Ma tente trempee pese des tonnes.
la frontiere suisse est a 18 km :
et j arrive a Stein am rhein, toujours aussi jolie ville avec ses facades extraordinaires:










14 juillet Hausen im Tal - Moos

Et merci a ceux qui m ont souhaite ma fête : vous êtes bien les seuls...
Mes hoêtes me laissent dormir tard, et m'offrent un somptueux frühstück, me préparent une casse croûte, des fruits, de l eau.
Nous prenons quelques photos dans leur jardin :



Je pars en fin de matinée, refais les 9 km qui me séparent de Beuron, où je m'arrête déjà, jeter un coup d'oeil à l'abbaye.
il y a la une statue du pèlerin (avec une coquille sur le chapeau).


Et aussi un curieux pont couvert en bois :
Et dans le cloitre , un pélican ... mystère...
Puis d'autres vues du radweg et du Danube, assez ridicule maintenant.


Cette région, m'a dit M. Starck est le Jura souabe.



Arrivée a Tuttlingen, je jette un dernier coup d'oeil sur le Danube, car je ne le suivrai pas jusqu'à sa source (Donaueschingen), je continue l 'Eurovelo 6 jusqu'au Rhin qui me guidera pour un petit moment.
La sortie de Tuttlingen est abominable, il y a une côte qui n'en finit pas. En fait, c'est au moins une dizaine de kms très éprouvants
Et encore, je pense que ceux qui roulent dans l'autre sens souffrent davantage. Mais en réalité je ne croise pratiquement plus de cyclistes, depuis que j'ai quitté le Donau Radweg.
J'enregistre mon nouveau record : 52,2 km/h, c'est vous dire à quel point ça descend raide !

Même après ces 10 kms de souffrance, la route est bien vallonnée jusqu'à Radolfzell, où on arrive au lac de Constance. Je trouve un petit camping, à Moos, c'est une base de canoe.
Le soir je m'approche du ponton, parmi les roseaux, les canards, c'est bien cool.
Tout va bien jusqu'à 22h. Là commence une des pires nuits que j'ai pu passer : ça n'a rien à voir avec les feux d'artifice, mais commence une succession d'orages avec des éclairs sans arrêt, des coups de tonnerre ininterrompus très proches, tout cela ça tourne tout autour du lac, puis un vent de fou, et de l'eau, de l'eau, des seaux d'eau se déversent sur la tente.
Et on peut pas dire qu'il y a des accalmies : ça repart de plus belle chaque fois.
Je ne peux pas y faire grand chose, et pourtant, tout se mouille dans la tente. Cette fois ci je crois que c'est le coup de la couverture de survie qui a été fatal, car l'eau projetée violemment tout autour de la tente, n'a pas pu s écouler vers l'extérieur, vu que cette couverture de survie est imperméable.
Le résultat est une cata : matelas, sac de couchage, fringues trempées, cartes, papiers aussi.
Bien sûr impossible de dormir, j'attends le lever du jour, avec le pressentiment du pire...

13 juillet Riedlingen - Beuron

J attends que ma tente soit seche, c est pourquoi je me mets en route que vers 1oh ce matin.

Andreas le Suisse me rattrappe des que je retourne sur le radweg, le bougre. On recommence a rouler a son train d enfer, pff, pff, heureusement, on ne tarde pas a rencontrer un singulier equipage qui nous donne pretexte a une petite pause :

C est justement un compatriote de Lille qui roule avec cette remorque et ce velo tres special. Tout est pliant et compact, et neammoins, c est un vrai velo, avec lequel il fait de grands voyages.
J en profite pour prendre aussi en photo le velo d Andreas, qui ne paye pas de mine comme ca, mais qui est aussi un velo tres particulier, une sorte de prototype. Les specialistes apprecieront :



Bon, c'est pour ca qu il n a pas l'air de faire des efforts dans les "cols", pendant que je me decompose...
Mais à Sigmaringen, je le laisse continuer, car je vais faire une nouvelle session Internet, et puis mon etape est courte aujourd hui, puisque je vais m arreter a Beuron chez M. et Mme Starck, rappelez vous, le monsieur rencontre devant le distributeur automatique muet. M. Starck etait revenu me retrouver au camping pour me preter 5o €, de maniere a ce que je reste pas sans monnaie.
Le chateau de Sigmaringen :

Le Radweg entre Sigmaringen et Beuron

Avez vous vu comme le Danube est devenu petit ? Il fait moins le malin qu a Budapest .
Mais il y a un gros malentendu : l'adresse postale de mes hôtes est a Beuron, je suis donc persuadée que c est la qu ils habitent, alors qu en fait c'est a Hausen im Tal, là où nous nous étions rencontrés. Je fais donc 9 km de trop avant de le réaliser. Demi tour a toute allure pour ne pas etre trop impolie, car ils m attendaient pour diner, et je sais que les allemands dinent de bonne heure...
Accueil tres chaleureux, je suis recue comme une reine, avec une jolie chambre dont la porte donne sur le jardin, de bons lasagnes (excellent pour le cycliste), une glace servie avec des fruits rouges de leur jardin, un petit cidre maison...
M. Starck parle un francais quasiment parfait, il l a appris a l ecole en Autriche, alors que l Autriche etait divisee en 4 secteurs d occupation. Il connait particulierement bien la periode de la retraite de Petain et des collaborateurs de Vichy au chateau de Sigmaringen, me montre plusieurs documents et photos de l epoque.

12 juillet Dillingen - Riedlingen

Le matin, je discute avec Frederique, la baroudeuse : elle est agricultrice et eleveuse de chevre dans le Poitou. Cette annee, elle est partie pour la Pologne en velo, mais l an dernier elle a traverse l europe jusqu en Roumanie a cheval. Elle m explique qu elle voyage comme cela en "binome" avec son mari qui la rejoint a l arrivee et qui fait le voyage de retour, tandis qu elle retourne vite fait a la ferme ou le boulot l attend. Mais elle aime aussi sa ferme et ses chevres, bien que les fromages se vendent moins bien en ce moment (cest la crise aussi sur les marches!)


Un moulin :


Le radweg s eloigne du Danube et m emmene maintenant dans la foret, sur les graviers:



Puis je suis doublee par Andreas, un cycliste suisse, qui est sur la fin d un grand tour depuis la Suisse, puis en suivant l Ill jusqu a Passau. Depuis il suit comme moi le Donau radweg, et il est content d avoir de la compagnie, car c est vrai qu on est si rares a rouler dans ce sens la. Mais il ne roule pas exactement dans la meme categorie que moi, il me raconte toutes les sorties qu il fait en suisse, les cols a + de 2000, etc... J essaie de sauver l honneur de la France et de ne pas trop faire le boulet, mais faut reconnaitre qu il dynamise spectaculairement ma moyenne. Plus de temps de faire des photos !
On fait une petite pause a Ulm, puis nous roulons encore ensemble jusqu a Ehingen, ou je le laisse se trouver un hotel, tandis que la pluie se met a tomber et que je continue encore bien (trop) longtemps pour me trouver un camping.
Une des cigognes de Muterkingen :
J arrive a celui de Riedlingen a la tombee de la nuit, apres avoir suivi betement les indications des panneaux du radweg qui m envoie dans un circuit a rallonge en foret et encore avec de belles cotes et descentes sous la flotte :

Mais le camping est tellement sympa, calme, et en plus, y a que moi.
138 km aujourd hui, c est trop, je le ferais plus, j ai mal aux epaules.